Depuis janvier 2018, les emprunteurs ont le droit de changer d’assurance de prêt, indépendamment de l’année de souscription de leur crédit, et ce à raison d’une fois par an, à la date d’échéance annuelle de leur contrat. Pourtant, les banques d’assurance reçoivent plus de demandes de devis que de demandes de changement en matière d’assurance emprunteur, à leur grand soulagement. Les complications des démarches y sont certainement pour quelque chose. Quelles difficultés rencontrent exactement les acteurs concernés ? Les bilans et les statistiques officiels de la FFA et de l’ACPRA ne sortiront qu’en 2019 mais voici ce que l’on sait pour l’heure…
Comment expliquer la complexité des démarches ?
Les utilisateurs pointent du doigt la politique dissuasive appliquée par les établissements bancaires.
L’ambiguïté concernant la date d’échéance
Théoriquement, on peut changer l’assurance de son crédit immobilier à la date d’anniversaire du contrat mais il faut faire parvenir à sa banque la demande de résiliation et de substitution 2 mois avant, en guise de préavis.
En pratique, la date d’échéance figure rarement dans le contrat d’assurance et chaque établissement se réfère à la date de son choix entre celles de la signature de l’offre de prêt (en général), de l’adhésion au contrat d’assurance pour certains, du prélèvement de la première échéance pour d’autres, ou encore de l’édition de l’offre de prêt.
La Fédération Bancaire Française a de ce fait imposé à chaque banque d’afficher clairement sa date de référence sur son site. Uniformiser cette date d’échéance annuelle aurait été pourtant plus pratique.
La réticence des banquiers
Les banquiers tentent par différents moyens de stopper les emprunteurs assurés dans leurs démarches. D’un côté, les banques se sont longtemps servies de l’absence de norme concernant la date d’échéance pour dissuader ces derniers, en prétextant le non-respect des procédures de manière à repousser la substitution d’assurance à l’année suivante.
D’un autre côté, elles font traîner les démarches ou bien elles offrent une contre-proposition. Celle-ci implique la plupart du temps la baisse du montant de la cotisation annuelle, avec le seul objectif de conserver leurs clients.
Notez à ce propos que d’après les données des experts de detective-banque.fr, les banques en ligne proposent aujourd’hui les meilleures offres de crédit et d’assurance de prêt, tout en prenant entièrement en charge le processus de changement de banque. Aussi, pensez à étudier leurs offres de prêt avant de changer d’assurance emprunteur.
La désillusion sur les économies potentielles
Avant le lancement de la procédure, les emprunteurs passent souvent par des comparateurs ou des assureurs alternatifs en ligne pour estimer leurs économies potentielles. Les résultats sont pourtant bien au-dessus de la réalité. Les experts expliquent que ces outils effectuent les bons calculs en partant du principe que l’emprunteur est jeune et en début de prêt. Or, chaque situation et les garanties diffèrent d’un emprunteur à un autre. Il arrive qu’une remise tarifaire ou bien des particularités dans le contrat ne soit pas prises en compte. Pour réaliser un devis plus réaliste, il faut que l’internaute effectue un calcul plus poussé : envoyer la demande de délégation, répondre à de nombreux formulaires…
L’évolution du marché : un facteur déstabilisant
Le marché est encore en pleine évolution. De nombreuses offres d’assurance de prêt font leur apparition, émanant aussi bien des mutuelles que des assureurs. Les emprunteurs peuvent passer par des comparateurs ou des sociétés de complémentaire santé, qui vont jusqu’à appeler directement leurs clients pour proposer leurs offres alternatives.
On comprend aisément que les emprunteurs se sentent un peu perdus entre les multitudes d’offres. Il faudrait attendre 2 ou 3 ans pour que tout se stabilise selon les experts.
L’établissement d’une norme concernant la résiliation annuelle n’est qu’un premier pas. En attendant, le changement d’assurance emprunteur ne représente que 30% des nouvelles souscriptions et n’intéresse que les jeunes emprunteurs, et très peu les anciens. Pour leur part, Crédit Agricole et LCL annoncent déjà une nouvelle offre plus modulaire, avec des tarifs modulables par rapport au capital en 2019.